Chant de terre et d'ici.2014 /2015

Chant de terre et d’ici.

 

Alors que cette série de toiles prenait forme dans mon atelier, je cherchais un titre à ce projet, faisant plusieurs listes. Finalement, avec Chant de terre et d’ici  je voulais construire, une résonnance entre certains lieux qui me sont chers et l'actualité. Je vis entre les uns et les autres, comme dans mon école des beaux-arts parmi professeurs et élèves.

Dans mes créations, mes choix définitifs se concentrent sur ce qui reste, et surtout ce qu’il reste à essayer. Un dosage parcellaire détermine chaque allégorie.

Il s’agit de ce que je donne ou non à voir mais également de confronter les choses qui m’intéressent et celles qui me dépassent. C’est de construire l’avenir mais rien de tout cela ne serait visible sans contraste, l’ici contrastant avec l’ailleurs, ma terre espagnole avec ma vie à Montpellier.

Comment je vins à cette manière de peindre ? Comment pourrais-je la décrire sans expliquer les souvenirs fondamentaux de ces quelques premiers détails que me relièrent au reste du monde. Ce monde lointain et fascinant que j'imaginais instruit, annonçant la grande Culture.

Tout commença dans la maison où je suis né, par la fascination envers une image de bonne taille, découpée, glissée sous-verre, sur ce petit meuble à côté de mon lit d'enfant. (El tiunfo de Baco, "los borrachos" de Velázquez, 1628-1629). Un autre souvenir me vient d'un vieux calendrier, qui demeure encore à sa place, sur la paroi qui sépare la cheminée des escaliers. C’était une montée dans l'arche de Jacopo Bassano, (1510, 1592). Plus tard encore, je finis par posséder une image des Menines étalée en double page, dans un gros (mais trop petit) livre d'histoire de l'enseignement secondaire.

Ces jours-ci, en regardant ma peinture dans son ensemble, je me suis demandé : que signifient ces assemblages? Bien sûr, chacun aura sa propre interprétation. Je crois que l'art, et ici plus particulièrement la peinture, peut marier questions et propos, comme s’ils n’étaient faits que pour ça. Ces propos sont parfois si hauts qu’ils sont inatteignables, peut-on alors se les accaparer incomplets ? Malgré tout, presque malgré moi, un corpus singulier se forme. Il n’est jamais lointain. Il est à la fois universel et formel, dédié à la mémoire à venir... Ainsi ma culture, la culture générale, certaines images de ce qui m'importe s’entremêlent sans cesse.

Quelle marge de manœuvre me reste-t-il alors ? Celle qui va de la toile que je finis à celle que je ferai demain. Vous me direz, c'est mince, inframince, tout ça, pour ne citer personne.

Alors j’ai choisi des images, parfois découpées, pour mieux voir, arrêter le temps. J’ai fait avec elles des installations à peindre.

Là où le flux de la presse ne me donnerait que le temps de constater, parfois seulement l'envie de feuilleter, ces verres faisant office de presse-papiers attrapent ces images qui surgissent de partout leur donnant un nouveau sens, une nouvelle interprétation.

Finalement, ces peintures, une fois réalisées, voudraient sans cesse vous interroger.

10. 07. 2015

Jose Sales Albella.